11 mai 2020Quel parcours de soin à l'heure du déconfinement

Quel parcours de soin à l'heure du déconfinementQuel parcours de soin à l'heure du déconfinement

La fréquentation des cabinets médicaux est historiquement faible depuis deux mois. Doctolib annonce un rattrapage à partir du 11 mai avec 60% de rendez-vous supplémentaires réservés depuis son site. Au delà des chiffres, nous avons rassemblé quelques témoignages pour essayer de mieux comprendre comment vous appréhendez les prochaines semaines.

Témoignage du Dr Ruffion

Le Dr Ruffion est dermatologue dans l’Ain, dans un cabinet individuel.

« A l’annonce du confinement, j’ai annulé tous les rendez-vous à l’exception des biopsies et petites chirurgies déjà programmées. J’ai proposé des téléconsultations à mes patients et des téléexpertises via Omnidoc à mes correspondants. J’ai repris progressivement les consultations à partir du 14 avril avec évidemment beaucoup d’aménagements. J’ai espacé les rendez-vous (maximum deux par heure) et j’appelle tous les patients en amont pour valider l’urgence et les informer des différentes mesures barrières : les patients doivent arriver à l’heure pile, sans accompagnant, je leur fournis un masque chirurgical et du gel hydroalcoolique en arrivant.

Depuis une semaine, on voit de nouveau les patients prendre rendez-vous et je m’attends à un rattrapage important dans les prochaines semaines. La difficulté, c’est qu’avec les mesures barrières, je ne peux voir qu’une quinzaine de patients par jour (contre 20 - 23 auparavant) et les délais risquent de s’allonger. A l’avenir, l’un des enjeux sera de bien trier les demandes de prises en charge et la téléexpertise pourrait être l’une des clefs. »

Témoignage du Pr Sharshar

Le Pr Sharshar est neuroréanimateur au Centre Hospitalier Saint Anne et expert du réseau NeuroCOVID sur Omnidoc.

« Les dernières semaines ont été une expérience collective à la fois éprouvante et enrichissante. Je travaille dans un service de neuroréanimation très spécialisé, dans un hôpital en 3ème ligne. Au pic de l’épidémie, il a fallu transformer l’unité en service COVID en quelques jours, doubler la capacité d’accueil, renforcer l’équipe et être sur le pont 24h sur 24, 7 jours sur 7. Nous avons réussi, grâce à l’action collective de tout le personnel hospitalier, à passer cette épreuve. Notre chance a été qu’il y a eu très peu d’urgences neuro-chirurgicales pendant cette période (effet indirect du confinement ou censure des patients ?).

L’afflux de patients COVID s’est tari dernièrement, et bien qu’ils restent beaucoup de patients hospitalisés à l’APHP, notre unité a pu progressivement se recentrer sur son activité première. Il y a un risque d’un rebond de l’épidémie avec le déconfinement. Nous devrons alors nous adapter au mieux pour pouvoir assurer la prise en charge des patients « neuroréanimatoires » et être en soutien pour celle des patients COVID-19. L’enjeu est d’associer principe de précaution et missions de soins d’urgence.

Par ailleurs l’expérience NeuroCOVID, commencée il y a un mois, a été très positive. Elle a permis de fédérer les Neurologues d’Ile de France, grâce à l’aide active de la Collégiale de Neurologie et d’organiser une astreinte de neuroréanimation. Elle a enfin obtenu le soutien de l’ARS. Les hôpitaux ont été moins débordés par les urgences neurologiques que ce que l’on craignait et le réseau a été moins sollicité que prévu. Il pourrait y avoir avec le déconfinement un regain des activités neurologiques qui mettrait le système fortement en tension. Pour ce qui concerne la neuroréanimation, nous sommes de plus en plus sollicités pour des patients qui ont un réveil retardé ou des séquelles neurologiques après une réanimation lourde. »

Témoignage du Dr Chanaud

Le Dr Chanaud est médecin généraliste à Paris au sein du cabinet médical ipso santé.

« Au cabinet de Saint Martin, nous sommes deux sages-femmes, deux infirmières et une dizaine de médecins généralistes Nous avons continué à voir des patients en présentiel pendant le confinement. Nous avons créé un parcours COVID avec une salle d’attente et une salle de consultation dédiée. Et nous avons utilisé au maximum la téléconsultation en premier recours afin de filtrer et prioriser les demandes. De 5% de téléconsultations environ avant la crise, nous sommes passés à 80% aujourd’hui. Nous avons également appelé nos patients fragiles afin d’assurer la continuité des soins et qu’ils ne soient pas à court de médicaments.

On s’attend à un rattrapage dans les prochains jours mais la taille de notre structure nous permet d’avoir une bonne capacité d’absorption. Nous avons augmenté de 5 minutes la durée de chaque consultation pour prendre en compte les gestes barrières et avoir moins de patients en salle d’attente. On devrait maintenir un niveau important de téléconsultation sur le long terme parce que ça fonctionne bien, les patients s’y sont habitués et ça réduit les risques de contamination. Nous réfléchissons encore à comment assurer au mieux le parcours de soin des patients COVID en utilisant la téléexpertise et peut-être des téléconsultations à trois (patient, généraliste, spécialiste). »

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