Le Dr Sophie Rouquette est chirurgien cancérologue spécialisée en gynécologie. Depuis 2023, elle utilise Omnidoc dans le cadre de l'Institut du Sein de l'Hôpital Privé du Confluent à Nantes.
Pour nous, elle revient sur les raisons derrière la mise en place du réseau de téléexpertise, les requérants et leurs demandes et l'impact de cette pratique sur son activité.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Dr ROUQUETTE. Je suis chirurgien cancérologue spécialisée en gynécologie, plus précisément dans le traitement du cancer du sein et la reconstruction mammaire. J’exerce à l’Hôpital privé du Confluent, au sein de ce qui s’appelait l’Institut du Sein, bientôt renommé l’Institut de la Femme.
Quelle est la vocation de cet institut ?
Dr ROUQUETTE. L’objectif est d’assurer une prise en charge complète, sur un seul site, des patientes atteintes d’un cancer du sein. Tout le parcours est centralisé : dépistage, biopsie, consultation avec le chirurgien ou l’oncologue, radiothérapie, soins de support, suivi post-thérapeutique… Cela permet une prise en charge rapide, globale et coordonnée, avec un dossier médical partagé entre tous les professionnels impliqués.
Pourquoi avoir mis en place la téléexpertise dans votre pratique ?
Dr ROUQUETTE. Elle permet aux médecins traitants, face à une patiente, de savoir plus rapidement vers quel spécialiste l’orienter : une consultation chirurgicale, un bilan d’imagerie, ou un avis en oncologie. Grâce à la téléexpertise, ils peuvent directement adresser la patiente au bon interlocuteur, et nous, nous pouvons organiser un rendez-vous dans les deux à trois jours si cela relève d’une prise en charge chirurgicale. Cela nous permet aussi de filtrer les cas pour lesquels une consultation n’est pas nécessaire.
Qui vous sollicite en téléexpertise ?
Dr ROUQUETTE. Presque exclusivement des médecins généralistes. Quelques gynécologues médicaux, mais cela reste très marginal. Je ne reçois pas ou peu de demandes de la part des paramédicaux, comme des infirmiers.
Quelles sont les demandes les plus fréquentes ?
Dr ROUQUETTE. Elles concernent principalement des pathologies mammaires. Le plus souvent, il s’agit d’une interrogation sur la conduite à tenir face à un nodule du sein, ou sur des pathologies bénignes pour lesquelles le médecin ne sait pas forcément comment agir. Dans ces cas-là, nous pouvons proposer un traitement ou une surveillance, et cela évite une consultation spécialisée inutile.
Comment vous organisez-vous pour répondre ?
Dr ROUQUETTE. J’ai installé l’application sur mon téléphone, je reçois une notification, et je réponds dès que je peux : entre deux blocs, deux consultations… Je réponds rapidement. C’est aussi un outil asynchrone très utile : certains médecins m’écrivent le soir, une fois leurs consultations terminées. Cela leur permet de poser une question quand ils le souhaitent, même si je ne réponds pas dans l’instant.
Avez-vous eu des craintes au moment de vous lancer ?
Dr ROUQUETTE. Oui, j’avais peur d’être submergée de demandes inutiles. Mais ce n’est pas du tout le cas, les sollicitations sont pertinentes. Et lorsqu’un cas ne relève pas de ma spécialité, je peux répondre rapidement et éviter un rendez-vous inadapté. Cela permet aussi de désengorger les consultations.
Quel est l’impact de la téléexpertise sur votre quotidien ?
Dr ROUQUETTE. Aujourd’hui, la téléexpertise fait partie intégrante de ma pratique. Je trouve cela très utile, notamment pour le suivi post-opératoire. Un médecin peut me poser une question, m’envoyer des photos ou des résultats, et je peux l’aider à distance sans revoir la patiente en consultation. Cela fluidifie les échanges.
Avez-vous également constaté un impact de la téléexpertise sur la visibilité de votre activité ?
Dr ROUQUETTE. La majorité des demandes provient de mes correspondants habituels, car c’est indiqué sur mes ordonnances que je suis disponible via Omnidoc. Mais j’ai aussi des demandes de la part de médecins qui ne me connaissaient pas, et qui m’ont identifiée via la plateforme. Ils envoient parfois une demande groupée à plusieurs spécialistes, et c’est le premier qui répond qui prend la patiente en charge. Cela améliore clairement la visibilité.
Utilisez-vous vous-même la téléexpertise en tant que demandeuse ?
Dr ROUQUETTE. Oui, cela m’arrive. C’est souvent plus rapide que de passer un coup de fil. J’envoie une demande, et je sais que j’aurai une réponse dans les 24 heures. J’utilise surtout ce canal pour contacter des spécialistes en dehors de mon établissement.