Le Dr Xavier Mirabel est oncologue-radiothérapeute au Centre Oscar Lambret. Lors d’un entretien qu’il nous a accordé, il revient sur le déploiement de la téléexpertise au sein de l’établissement et sur l’impact de celle-ci dans la prise en charge des patients du territoire.
Pouvez-vous nous parler de la ligne d’avis “Oncologie, radiothérapie toutes pathologies” que vous avez déployée sur le réseau de téléexpertise du Centre Oscar Lambret ?
Dr MIRABEL. Cette ligne a été créée pour la dizaine de médecins de l’équipe qui reçoivent conjointement de très nombreuses demandes d’avis chaque semaine. C’est une ligne générique qui reflète la grande diversité des sollicitations que nous recevons et qui correspond au quotidien de notre service, dans lequel nous prenons en charge toutes les pathologies.
Parfois, nous avons tout de même des demandes qui dépassent notre champ de compétences et dans ce cas-là, nous les transmettons aux collègues concernés. Certaines demandes reviennent d’ailleurs de manière récurrente, ce qui nous pousse à envisager l'ouverture de lignes spécifiques pour ces questions.
C’est pour cela que vous avez créé d’autres lignes d’avis sur le réseau du Centre Oscar Lambret ?
Dr MIRABEL. Tout à fait, ces lignes d’avis correspondent à des parcours plus étroits, centrés sur une pathologie bien précise et qui sont pris en charge par les médecins qui coordonnent ces parcours de soin. Ce sont des lignes mixtes qui ont une visée thérapeutique autant que diagnostique.
Dans le cas de la ligne “Sarcome” par exemple, la rareté de la maladie fait que les patients doivent être pris en charge au Centre Oscar Lambret. C’est donc ici toute l’équipe spécialisée dans les sarcomes qui va répondre, ce qui inclut l’équipe d’imagerie pour les bilans initiaux. C’est parfaitement adapté à la prise en charge de cette pathologie et s’avère très efficace par le gain de temps et la traçabilité que cela apporte à nos requérants.
Pour prendre un autre exemple, la ligne “Radiothérapie Interne Vectorisée” répond à la même logique. C’est un recrutement de niche pour donner des indications vraiment très spécifiques dans le traitement du cancer de la prostate. Les patients seront donc immédiatement orientés vers les médecins dédiés à ce parcours de soin.
Si nous revenons à votre ligne principale “toutes pathologies”, quels sont les requérants qui vous envoient des demandes d’avis ?
Dr MIRABEL. Il y a quelques collègues oncologues radiothérapeutes ou oncologues médicaux de la région mais à 80%, ce sont des médecins généralistes. Ils sont ravis d’avoir un canal de communication simple, souvent interfacé avec leur logiciel métier et traçable, pour garder une preuve de la demande d’avis et enregistrer les réponses reçues.
Cela représente quatre à cinq avis par semaine, ce qui n’est pas énorme mais reste substantiel.
Quel est le bassin géographique de ces requérants ?
Dr MIRABEL. Par notre localisation géographique, la plupart des demandes viennent de Lille et ses environs. Néanmoins, comme nous traitons des pathologies rares, nous recevons également des sollicitations de tous les Hauts-de-France.
Quels sont les principaux types de demandes que vous recevez pour cette ligne d’avis ?
Dr MIRABEL. Même si les méthodes de calcul divergent, les Hauts-de-France sont particulièrement touchés par le cancer en général et le cancer du sein est l’un des cancers avec la plus forte prévalence. La demande la plus fréquente est donc pour une prise en charge initiale de ce type de cancer.
Quel est le parcours patient typique des patients suite à ces demandes ?
Dr MIRABEL. Les demandes formulées par les médecins traitants sont globalement très pertinentes donc quatre fois sur cinq, nous recevons le patient en consultation dans les huit jours.
Pour les patients, c’est un vrai gain de temps parce que nous pouvons les orienter d'emblée vers le bon interlocuteur dans l'établissement. Cela nous permet aussi de solliciter le médecin requérant pour demander que d’éventuels examens complémentaires biologiques ou d'imagerie soient réalisés avant la venue du patient. Cela optimise vraiment le parcours.
Comment êtes-vous organisés en interne pour répondre à ces demandes ?
Dr MIRABEL. Lorsqu’ils nous sollicitent via Omnidoc, les requérants attendent de nous une grande réactivité. C’est pourquoi nous avons mis en place en interne des règles de réponse rapide.
Concrètement, cela signifie que les médecins intéressés par la téléexpertise se sont organisés pour qu’il y ait une veille permanente pour répondre aux demandes. Les requérants nous sollicitent à toute heure et tous les jours, y compris le weekend et nous tenons à assurer cette qualité de service attendue de leur part.
Que diriez-vous à vos consœurs et confrères qui travaillent dans d’autres centres de lutte contre le cancer (CLCC) ?
Dr MIRABEL. La téléexpertise leur fera gagner beaucoup en termes de robustesse de communication et dans la récupération d’informations nécessaires à une bonne prise en charge.
C’est une pratique gagnante pour eux mais aussi pour leur secrétariat et pour les médecins requérants.
Il est quand même important de garder à l’esprit que si cet outil simplifie, améliore et consolide notre pratique, c’est aussi un outil qui accélère le rythme, aussi faut-il être prêt à jouer le jeu. Il est essentiel de ne mobiliser sur la téléexpertise que des gens motivés et de ne pas contraindre ceux qui n’en ont pas envie.
Le mot de la fin ?
Dr MIRABEL. La téléexpertise est un moyen de communication sécurisé, tracé, qui empêche les interruptions de tâches et participe au confort de l’organisation en permettant de répondre à plusieurs sur une même ligne de communication. Nous avons mis en place ces lignes il y a maintenant plusieurs mois et nous en tirons une grande satisfaction !
Vous exercez dans un centre de lutte contre le cancer et souhaitez déployer la téléexpertise au sein de votre établissement ? Contactez-nous via contact@omnidoc.fr.
