En collaboration avec le Réseau Périnat Centre-Val de Loire, les 18 maternités de la région Centre-Val de Loire et le Pôle d’expertise des transferts utero du CHU de Tours, Izia Berger a activement participé à la dématérialisation du processus de transfert in utero dans la région. En 2024, celui-ci a totalement basculé sur Omnidoc via un réseau dédié.
Lors d’un entretien qu’elle nous a accordée, elle revient sur ce projet et sur ses avantages pour tous les acteurs impliqués.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ainsi que votre rôle dans le projet ?
Izia BERGER : Je travaille pour le Groupement régional d'appui au développement de la e-santé (GRADeS) Centre-Val de Loire depuis une dizaine d’années (auparavant GCS Télésanté Centre). J’ai débuté comme chargée de déploiement de la télémédecine. Actuellement, je suis référente régionale en identitovigilance et référente métier. Cela signifie que j’appuie les différents projets liés à la télésanté dans la région.
J’ai travaillé sur la dématérialisation du processus des transferts in utero dès 2018. Ce projet est passé par plusieurs phases, notamment un changement d’éditeur en 2024, avec l’adoption de l’outil Omnidoc pour faciliter et sécuriser les processus. Je suis donc directement impliquée dans ce projet, à la fois pour son déploiement technique et pour l’accompagnement des professionnels de santé.
Qu’est-ce qu’un transfert in utero et quand est-ce nécessaire ?
Izia BERGER : Un transfert in utero consiste à déplacer une femme enceinte d’une maternité vers une autre de niveau supérieur, en raison de complications médicales. Ces complications peuvent être liées à des pathologies obstétricales, fœtales ou à une pathologie externe, mais elles impliquent un risque pour la mère ou pour le bébé. Par exemple, une femme enceinte de six mois qui arrive dans une maternité de niveau 1 avec une menace d’accouchement prématuré ne pourra pas être prise en charge localement, faute de ressources matérielles, humaines ou techniques. Dans ce cas, un transfert est organisé vers une maternité de niveau 2 ou 3, où elle pourra recevoir les soins nécessaires.
En région Centre-Val de Loire, nous comptons 18 maternités réparties sur six départements. Cela inclut huit maternités de niveau 1, huit de niveau 2, et deux maternités de niveau 3 situées aux CHU de Tours et d’Orléans. Ces dernières disposent des ressources les plus avancées, aussi bien en obstétrique qu’en néonatologie. Le CHU de Tours, notamment, abrite le Pôle d’expertise des transferts in utero, qui joue un rôle central dans la régulation des transferts.
Comment était organisé le processus avant la dématérialisation des transferts ?
Izia BERGER : Avant 2018, le processus reposait sur l’utilisation de formulaires papier que les maternités s’envoyaient par fax. Ce système était loin d’être idéal : les documents pouvaient être mal complétés, illisibles ou même envoyés à l’envers, ce qui compliquait la prise en charge. De plus, le Pôle d’expertise obstétrique, qui est censé superviser et analyser les transferts, était souvent oublié dans les échanges. Cela limitait leur capacité à collecter des données épidémiologiques fiables et à identifier les problèmes structurels.
Avec la dématérialisation, nous avons réussi à simplifier et sécuriser les échanges. Les formulaires sont remplis en ligne via l’outil Omnidoc, ce qui garantit la traçabilité et la qualité des informations. Le Pôle d’expertise a désormais accès à environ 70 % des demandes, contre seulement 30 % auparavant.
Quels sont les principaux avantages d’Omnidoc dans le cadre des TIU ?
Izia BERGER : Tout d’abord, il permet une gestion centralisée et en temps réel des transferts. Par exemple, le Pôle d’expertise peut accéder directement aux demandes via un tableau de bord régional. Cela améliore considérablement la coordination entre les différents acteurs.
Ensuite, l’ergonomie de l’outil facilite le travail des soignants. Les formulaires présentent des menus déroulants clairs pour renseigner les informations essentielles, comme le terme de la grossesse ou la nature des complications. Ces éléments permettent de gagner un temps précieux tout en évitant les erreurs.
Enfin, l’auto-enrôlement des utilisateurs est une fonctionnalité très appréciée qui, de plus, facilite son adoption par les professionnels de santé. Ceux-ci peuvent créer eux-mêmes leur compte, même en dehors des heures de bureau, ce qui était impossible auparavant. Cela rend le système plus réactif et adapté aux urgences.
Quel rôle joue le Pôle d'expertise des transferts in utero dans ce dispositif ?
Izia BERGER : Le Pôle d'expertise des transferts in utero, situé au CHU de Tours, joue un rôle central dans la coordination des transferts in utero. Les gynécologues de garde analysent les demandes, régulent les flux entre les maternités, et décident des priorités en fonction des urgences médicales. En cas de besoin, ils collaborent étroitement avec les équipes du SAMU pour organiser les transports, qu’il s’agisse d’ambulances, de SMUR, ou d’hélicoptères.
Le Pôle effectue également un travail épidémiologique précieux, en analysant les transferts pour détecter d’éventuelles tensions ou dysfonctionnements dans le réseau régional. Cette analyse permet d’anticiper les besoins et d’ajuster les ressources en conséquence. Depuis la mise en place de l’outil Omnidoc, la qualité et la précision des données collectées se sont nettement améliorées.
Quel bilan tirez-vous de la dématérialisation du processus de TIU ?
Izia BERGER : Cela a montré l’importance d’une bonne conduite du changement. Les professionnels de santé étaient initialement réticents à l’adoption d’un nouvel outil, notamment en raison d’expériences passées avec des systèmes moins ergonomiques. Cependant, le soutien actif du Pôle d’expertise, combiné à des fonctionnalités adaptées comme l’auto-enrôlement et l’ergonomie de l’interface, ont permis une adoption rapide.
Un autre point clé a été la collaboration entre les éditeurs de l’outil, le GRADeS, et les professionnels de santé, notamment le Dr POTIN, médecin coordonnateur du Réseau Périnat, et Mme LASSERRE, sage-femme coordinatrice des TIU.
Cette approche tripartite a permis de co-construire des solutions adaptées aux besoins réels du terrain. En trois mois seulement, nous avons constaté une augmentation de 65 % à 73 % des transferts gérés via la plateforme. Cela démontre l’efficacité de la dématérialisation lorsqu’elle est bien accompagnée.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce projet ou envisagez de le répliquer dans votre région ? Contactez-nous sur contact@omnidoc.fr.