19 novembre 2025La téléexpertise pour les infirmiers : témoignage de Diane Braccagni, infirmière libérale

Infirmière prodiguant des soins à une personne âgéeInfirmière prodiguant des soins à une personne âgée

Infirmière libérale en Centre-Val de Loire et présidente du syndicat professionnel infirmier ONSIL, Diane Braccagni exerce depuis plus de vingt-cinq ans dans le Perche, un territoire rural où l’accès à la médecine de spécialité est devenu extrêmement compliqué. C’est pour cette raison qu’elle a adopté très tôt la téléexpertise, qui bouleverse aujourd’hui sa pratique.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Diane BRACCAGNI. Je suis infirmière libérale dans le Perche, un territoire rural très touché par la désertification médicale, notamment en dermatologie. J’exerce à domicile depuis plus de vingt-cinq ans et je me suis spécialisée en plaies et cicatrisation car ce sont des situations complexes que je rencontre quotidiennement. En parallèle, je préside l’ONSIL, ce qui me permet de défendre notre profession et de porter les difficultés du terrain, en particulier le manque de coordination et la solitude dans laquelle nous travaillons souvent.

Comment avez-vous découvert Omnidoc et la téléexpertise ?

Diane BRACCAGNI. J’ai découvert Omnidoc presque par hasard, lors d’une réunion de CPTS où un ophtalmologue a présenté son organisation en télémédecine et l’outil Omnidoc. Après être rentrée chez moi, j’ai créé mon profil et un premier patient m’a rapidement donné l’occasion de tester la téléexpertise. J’ai tout de suite compris que cela allait devenir indispensable, ce qui s’est vérifié puisque aujourd'hui, j’ai réalisé près de cent quarante demandes.

Quelles sont les situations dans lesquelles vous utilisez la téléexpertise ?

Diane BRACCAGNI. L’essentiel de mes demandes concerne les plaies : ulcères, plaies chroniques, brûlures, plaies traumatiques. C’est un domaine dans lequel la photographie permet souvent d’orienter le diagnostic.

Je l’utilise également pour des situations dermatologiques plus complexes. La réactivité des médecins est remarquable : la plupart du temps, je reçois une réponse en deux heures, et rarement au-delà de vingt-quatre ou quarante-huit heures. Pour mes patients, c’est un changement radical, surtout dans un territoire où il est quasiment impossible d’obtenir un rendez-vous présentiel.

En quoi le contexte de désert médical rend-il la téléexpertise essentielle ?

Diane BRACCAGNI. Dans mon secteur, nous avons deux dermatologues qui ne prennent plus de nouveaux patients. Les médecins traitants eux-mêmes n’arrivent plus à obtenir de rendez-vous et sans téléexpertise, beaucoup de personnes resteraient des mois sans avis spécialisé. Grâce à Omnidoc, c’est l’inverse : c’est le spécialiste qui “vient” au domicile du patient. Pour une population âgée et souvent peu mobile, c’est déterminant.

Comment se déroule concrètement une demande de téléexpertise pour vous ?

Diane BRACCAGNI. Je rédige un compte rendu clair, je fais éventuellement des photos si cela est pertinent, puis j’envoie la demande et la réponse arrive très vite. Lorsqu’une ordonnance est nécessaire, je l’imprime ou je la transmets à la pharmacie et j’informe ensuite le médecin traitant en intégrant la réponse dans le DMP lorsque c’est possible. La téléexpertise devient alors un outil de coordination : tout le monde travaille à partir des mêmes informations, ce qui évite les malentendus et les pertes de temps.

Avez-vous en tête des cas particulièrement marquants ?

Diane BRACCAGNI. J’ai en tête une mère et son fils, tous deux atteints de mycoses très évoluées après des traitements inadaptés. Grâce à la téléexpertise, nous avons obtenu rapidement un diagnostic clair et un traitement efficace. Leur situation s’est améliorée de manière spectaculaire.

Je pense aussi à des ulcères chroniques qui, parfois, s’avèrent être des cancers cutanés. Sans téléexpertise, ces diagnostics seraient faits bien trop tard. Là, une simple photographie suffit souvent à alerter le dermatologue qui pourra proposer la prise en charge adéquate pour affiner le diagnostic.

Quel impact la téléexpertise a-t-elle sur votre rôle d’infirmière libérale ?

Diane BRACCAGNI. La téléexpertise a donné une autre dimension à mon exercice. Je suis toujours celle qui apporte les soins du quotidien mais je suis aussi celle qui repère, qui initie, qui coordonne. Les patients viennent vers moi parce qu’ils savent que je peux obtenir un avis rapide et les collègues m’adressent aussi des situations difficiles. C’est très gratifiant et cela valorise véritablement notre expertise clinique.

En tant que présidente de syndicat infirmier, comment percevez-vous l’appropriation de la téléexpertise par la profession ?

Diane BRACCAGNI. Les infirmières libérales restent prudentes face aux nouveaux outils et le terme “téléexpertise” peut faire peur. On imagine quelque chose de très technique, presque intimidant, alors qu’en réalité, c’est un outil profondément ancré dans notre quotidien. Au sein de l’ONSIL, je reçois régulièrement des appels de collègues qui veulent comprendre comment se lancer. Dès qu’elles font une première demande, elles voient à quel point cela simplifie les prises en charge.

Quels conseils donneriez-vous aux infirmières et infirmiers qui hésitent à se lancer ?

Diane BRACCAGNI. Le premier point à rappeler, c’est qu’il n’y a pas besoin d’ordonnance pour faire une demande de téléexpertise. Ensuite, je conseillerais de commencer simplement : en créant un profil sur Omnidoc, en explorant les réseaux disponibles et en se lançant sur un cas. Les plaies et la dermatologie sont deux domaines où l’impact est immédiat par exemple.

Enfin, informer le médecin traitant est essentiel : cela renforce la coordination et évite les malentendus.

Il est également pertinent de rappeler que les demandes de téléexpertises sont désormais rémunérées à hauteur de 10€ par la Sécurité sociale avec le code RQD. Il y a donc tout à y gagner (NDLR : les conditions de rémunérations pour les infirmières sont expliquées de manière précise dans notre article dédié).

Le mot de la fin ?

Diane BRACCAGNI. Je voudrais dire aux collègues d’oser. La téléexpertise n’est pas compliquée : c’est un levier pour sortir de la solitude, accélérer les prises en charge et redonner du souffle à notre métier. Dans nos territoires, elle fait une différence immense. Il suffit de s’y mettre une première fois pour ne plus revenir en arrière.


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