Le Dr Roman Senamaud est médecin vasculaire et l'un des fondateurs de l'équipe de soins spécialisés Plaietile en Nouvelle-Aquitaine.
L'ESS Plaietile accompagne les soignants du territoire dans la prise en charge de patients atteints de plaies chroniques. Une aide rendue possible grâce à la télémédecine, et notamment grâce à la téléexpertise sur Omnidoc.
Dans cette interview, il revient pour nous sur les origines de l'ESS, son ambition, la façon dont elle est organisée et quel rôle jouent Omnidoc et la téléexpertise dans le parcours de soins.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Dr SENAMAUD. Je suis médecin vasculaire libéral au Pays basque et en Sud Landes. J’exerce à la fois en cabinet et en établissement de santé, à la clinique Aguilera à Biarritz, où je développe une activité en plaies et cicatrisation. Je suis également co-fondateur de l’association Plaietile Nouvelle-Aquitaine, qui porte le projet de santé de l’équipe de soins spécialisés en plaies et cicatrisation, Plaietile.
Pouvez-vous nous parler de l'ESS Plaietile ?
Dr SENAMAUD. L’origine du projet Plaietile remonte à 2020. Il est né sous l’impulsion de quelques professionnels de santé du Pays basque investis dans la prise en charge des plaies et de la cicatrisation. Ce projet s’est formalisé l’année suivante, en 2021, par la création d’une association loi 1901.
Notre volonté initiale a été d’apporter, par une approche organisationnelle un peu innovante, une réponse aux difficultés d’accès aux soins spécialisés pour les patients porteurs de plaies chroniques — notamment ceux isolés géographiquement ou dans l’incapacité de se déplacer. L’idée était d’amener l’expertise sur leur lieu de vie grâce à la télémédecine, en soutenant leur soignant habituel dans sa pratique. L’objectif principal est de réduire le temps de cicatrisation et d’améliorer le confort de vie des patients.
Qui est impliqué dans le projet ?
Dr SENAMAUD. Le projet repose sur des professionnels de santé volontaires, impliqués dans la prise en charge des plaies chroniques dans leur pratique quotidienne. Nous regroupons différents profils médicaux : médecins vasculaires, gériatres, chirurgiens vasculaires, chirurgiens orthopédistes…
Nous comptons également des infirmiers titulaires d’un diplôme en plaies et cicatrisation. Ces derniers interviennent dans notre organisation sous délégation médicale, via un protocole de coopération national. Ils peuvent ainsi réaliser eux-mêmes des téléconsultations ou des téléexpertises.
Quelles sont les demandes les plus fréquentes ?
Dr SENAMAUD. Nous intervenons pour l’aide à la prise en charge de patients porteurs de plaies chroniques ou complexes : ulcères de jambe, escarres, plaies diabétiques, plaies traumatiques ou dermatologiques. Ce sont les soignants qui sollicitent le dispositif et nous répondons à leurs demandes en les appuyant via la télémédecine.
Les sollicitations viennent majoritairement de médecins généralistes et d’infirmiers de ville, mais aussi de professionnels exerçant en EHPAD.
Quel rôle joue la téléexpertise dans le projet de l'ESS ?
Dr SENAMAUD. La téléexpertise constitue notre principale voie d’adressage. Elle permet aux correspondants du territoire d’adresser de manière sécurisée leurs demandes quand ils rencontrent des difficultés face à un patient porteur d’une plaie chronique. Elle est également utile tout au long du suivi : dès qu’un soignant rencontre une situation inopinée, il peut nous solliciter à nouveau par téléexpertise.
Pourquoi avoir choisi Omnidoc comme solution de téléexpertise ?
Dr SENAMAUD. Dès le début du projet, en 2021-2022, Omnidoc était déjà bien implanté localement. Dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, le GHT Navarre Côte Basque l’avait adopté, et de nombreux professionnels libéraux l’utilisaient. L’adopter nous a donc permis d’assurer une cohérence territoriale.
Quel est le parcours de soin typique dans le cadre de l'ESS ?
Dr SENAMAUD. Tout commence par une demande d’avis en téléexpertise, émise par un soignant de premier recours. Cette demande est traitée par notre coordination infirmière et médicale, qui oriente vers le bon professionnel — médecin ou infirmier habilité par protocole. Un premier avis est rendu rapidement, en général sous 48 heures. Dans la majorité des cas, la situation nécessite une évaluation en téléconsultation assistée à domicile, avec l’infirmier habituel du patient, pour bien évaluer la plaie, le contexte médical et les difficultés du professionnel.
Parfois, la télémédecine ne suffit pas. Dès la demande initiale ou au cours du suivi, nous pouvons réorienter vers un centre spécialisé ou une structure de soins de proximité. Nous accompagnons les soignants dans cette mise en lien. Après la première téléconsultation, un suivi peut être mis en place et la coordination reste disponible en cas de difficulté. On peut alors réitérer des téléconsultations ou des téléexpertises jusqu’à la cicatrisation ou à la stabilisation de la plaie.
Comment Omnidoc accompagne cette organisation ?
Dr SENAMAUD. Grâce à la téléexpertise, Omnidoc permet de faciliter l’accès à un avis spécialisé. Dès l’adressage, nous pouvons optimiser le parcours de soins, rationaliser les traitements et éviter les déplacements inutiles. Cela améliore la pertinence des soins : diagnostic plus rapide, traitements plus adaptés et meilleure utilisation des ressources du territoire.
Quel conseil donneriez-vous à vos consœurs et confrères concernant les ESS ?
Dr SENAMAUD. Je leur conseillerais d’abord de s’entourer d’une équipe de soignants motivés, engagés et volontaires car l’organisation humaine est un facteur clé dans ce type de projet.
Ensuite, il faut choisir les bons outils numériques, adaptés au territoire, pour que les professionnels puissent facilement adhérer à la démarche.
Enfin, il faut soigner la communication pour faire connaître le service. Malgré tous les outils disponibles, ce qui fonctionne le mieux reste le bouche-à-oreille, entre soignants qui ont déjà fait appel au dispositif.
Le mot de la fin ?
Dr SENAMAUD. L’idée était vraiment d’appuyer les soignants grâce à des ressources régionales, mais sans se substituer à eux. Nous leur apportons des conseils et une expertise, mais ce sont eux qui assurent la prise en charge de leurs patients.
