Le Dr Aurélien Hostalrich est chirurgien vasculaire au CHU de Toulouse. Avec ses confrères et consœurs du service de chirurgie vasculaire, il a lancé un réseau de téléexpertise sur Omnidoc pour répondre aux demandes d'avis des professionnels de santé d'Occitanie.
Dans cette interview vidéo, il partage son retour d'expérience sur la mise en place de ce réseau : qui leur adresse des demandes, quelles sont les questions des requérants, ce qui a changé depuis la mise en place du réseau, etc.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Je suis maître de conférences universitaires au CHU de Toulouse en chirurgie vasculaire et endovasculaire.
Pourquoi avoir mis en place un réseau de téléexpertise pour votre service ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Cela fait plusieurs années que nous cherchons à travailler avec de la téléexpertise, pour limiter les allers-retours aux urgences quand nous n’arrivons pas à avoir un avis suffisant par téléphone.
Avant Omnidoc, nous échangions déjà des photos ou d’autres informations, mais sans organisation ni sécurité particulière. La proposition d’Omnidoc nous a permis de rester connectés avec certains patients et avec tous les intervenants qui s’occupent d’eux, tout en gardant une trace des avis donnés, un partage de photos sécurisé et un enregistrement des échanges. Cela nous a souvent permis d’éviter ces fameux allers-retours aux urgences, qui sont un vrai problème aujourd’hui.
Quelles sont les demandes les plus fréquentes ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Nous utilisons surtout la téléexpertise pour le postopératoire : surveillance de plaies, suivi de cicatrisation, interrogations diverses. Cela concerne aussi des patients qui développent des plaies chroniques, comme les troubles trophiques diabétiques, avec des pansements longs et de la cicatrisation dirigée.
Qui sont vos requérants ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Au départ, nous voulions surtout travailler avec les infirmières libérales, pour qu’elles ne se sentent pas isolées. Mais assez rapidement, certains médecins traitants ont aussi commencé à nous poser des questions. C’est pratique, car leurs demandes portent souvent sur les examens à prescrire avant de nous adresser un patient, afin qu’il arrive en consultation avec les bons éléments et que nous évitions un aller-retour inutile.
Comment êtes-vous organisés en interne ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Nous avons mis en place une veille systématique sur Omnidoc les mardis et jeudis pour ne rater aucun avis. En pratique, le système de notifications par mail nous permet de traiter les demandes au fil de l’eau, presque quotidiennement, afin d’éviter leur accumulation. La plateforme permettant un aller-retour de questions réponses, nous pouvons avoir dans la même journée un échange complet avec le correspondant.
Comment faisiez-vous avant Omnidoc ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Avant, nous utilisions la boîte mail des internes du CHU. Mais elle était vite dépassée, surtout quand il fallait transférer des images en haute qualité, ce qui saturait les serveurs. Certains internes créaient même des adresses personnelles sur des serveurs non sécurisés, ce qui n’était pas adapté pour des données de santé. Avec Omnidoc, nous avons enfin un outil sécurisé et conforme.
Quels changements dans la gestion des demandes d'avis téléphoniques ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Les appels d’urgence ou de transfert de patients ne passent pas par Omnidoc, bien sûr. Cela n'aurait pas de sens et ce serait au détriment du patient.
En revanche, beaucoup d’appels qui arrivaient directement sur nos téléphones sont progressivement réorientés vers la plateforme. Tout le monde y gagne : nous avons une réponse tracée, notée, enregistrée dans notre logiciel métier, ce qui permet un suivi plus efficient et plus sécurisé.
Quel impact sur le quotidien du service ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Depuis quelques mois, nous observons une baisse progressive du nombre d’appels téléphoniques. La téléexpertise permet une meilleure traçabilité et nous aide à nous souvenir de ce qui avait été prescrit un mois ou deux plus tôt, ou à vérifier si un protocole de pansement avait été correctement appliqué.
C’est aussi plus simple entre médecins pour transmettre des informations au lieu de se dire : “Tu te souviens de ce que je t’avais raconté ?”, tout est écrit et consultable, même le week-end ou les jours fériés.
Quel impact sur le nombre de demandes ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Contrairement à ce que nous craignions, l’ouverture de ce canal n’a pas généré davantage de demandes. Les sollicitations se sont simplement réparties entre le téléphone et Omnidoc. Nous n’avons pas été débordés.
Quel est impact de la téléexpertise sur la médecine de ville ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. La téléexpertise rend les consultations plus efficientes : les patients arrivent avec les bons documents et examens, ce qui évite des délais supplémentaires. Dans un contexte de pénurie de ressources médicales, cela permet de simplifier les correspondances et d’obtenir les informations immédiatement, au bénéfice du patient.
Quel conseil donneriez-vous à vos consœurs et confrères ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Il faut bien réfléchir à la page d’accueil et aux modalités de contact : quelles possibilités sont offertes, par quel canal, avec quelle lisibilité ? Il est essentiel que les correspondants trouvent immédiatement l’information. C’est ce qui rend la plateforme confortable et efficace, en limitant les allers-retours inutiles.
C’est aussi important d’intégrer le secrétariat dans la boucle. Par exemple, si nous conseillons une consultation avec un examen préparatoire, le secrétariat est directement en copie et peut envoyer la convocation au patient. Tout le monde a l’information, sans passer par des mails ou des appels supplémentaires.
Le mot de la fin ?
Dr Aurélien HOSTALRICH. Nous avançons progressivement, mais cette fois nous avons un outil qui permet de transférer toutes les données nécessaires de manière sécurisée. C’est ce qu’il faut retenir. Ensuite, chacun en fait l’usage qui correspond le mieux à sa pratique.