Le Dr Joanne Dornberger est pédiatre au CHU de Toulouse. Avec ses confrères et consœurs du service de pédiatrie, elle a lancé un réseau de téléexpertise sur Omnidoc pour répondre aux demandes d'avis des professionnels de santé d'Occitanie.
Dans cette interview vidéo, elle partage son retour d'expérience sur la mise en place de ce réseau : qui leur adresse des demandes, quelles sont les questions des requérants, ce qui a changé depuis la mise en place du réseau, etc.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Dr Joanne DORNBERGER. Je suis chef de clinique dans le service d’endocrinologie pédiatrique du CHU de Toulouse depuis novembre 2024. Cela fait donc quelques mois que j’ai intégré ce service, dans lequel la téléexpertise s’est fortement développée récemment, notamment en pédiatrie. Elle concerne surtout les services qui étaient régulièrement sollicités auparavant par téléphone ou par mail. Notre service d’endocrinologie pédiatrique fait partie de ceux qui l’utilisent le plus.
Pouvez-vous nous parler du réseau de téléexpertise du service de pédiatrie ?
Dr Joanne DORNBERGER. La téléexpertise s’est mise en place progressivement au CHU de Toulouse dans plusieurs services, notamment ceux qui recevaient le plus d’appels pour des avis. En endocrinologie pédiatrique, nous avons rapidement pris part à ce dispositif, car nous faisons partie des spécialités les plus sollicitées.
Qui sont les requérants ?
Dr Joanne DORNBERGER. La majorité des sollicitations viennent des médecins généralistes, mais aussi de pédiatres de ville, qui sont eux-mêmes généralistes mais nous adressent des demandes pour des avis spécialisés.
Quelles sont les demandes les plus fréquentes ?
Dr Joanne DORNBERGER. Elles concernent principalement les troubles de la croissance : enfants qui ne grandissent pas suffisamment ou qui grandissent trop. Nous recevons aussi beaucoup de questions sur la puberté et sur les prises pondérales excessives, notamment autour de l’obésité.
Quel est le parcours de soin classique ?
Dr Joanne DORNBERGER. En pédiatrie, le suivi est bien défini dès la naissance et jusqu’à la fin de l’adolescence, avec des consultations régulières. Les médecins généralistes et les pédiatres de ville assurent ce suivi : croissance, développement pubertaire, dépistages, scolarité… Lorsqu’ils identifient un problème, l’enfant est orienté vers un spécialiste.
Dans environ deux tiers des cas, la téléexpertise aboutit à une consultation spécialisée, car le premier niveau de diagnostic est déjà bien posé. Dans un tiers des cas, elle permet simplement de conforter le médecin dans la démarche diagnostique qu’il avait engagée.
Comment êtes-vous organisés dans le service pour la téléexpertise ?
Dr Joanne DORNBERGER. Nous avons confié la gestion des demandes aux deux plus jeunes médecins de l’équipe : moi-même et l’assistante du service, Marie-Loupe Echabrier. Nous fonctionnons en alternance, une semaine sur deux, grâce à un paramétrage simple dans le logiciel. Lorsqu’il y a une absence, il est facile de rediriger les demandes.
Il est également possible de solliciter directement un médecin précis pour un avis spécifique, en dehors du circuit habituel.
Comment faisiez-vous avant Omnidoc ?
Dr Joanne DORNBERGER. Avant, tout passait par téléphone ou par mail. C’était une organisation informelle, parfois répartie d’une semaine sur l’autre entre médecins, mais sans traçabilité. Les documents restaient dans nos boîtes mail, sans être intégrés au dossier patient. Cela entraînait une perte d’informations et rallongeait les consultations.
Quel est l'impact d'Omnidoc sur le quotidien du service ?
Dr Joanne DORNBERGER. Avec Omnidoc, tout est beaucoup plus structuré. Les demandes arrivent via la plateforme, ce qui permet de suivre facilement celles auxquelles nous avons répondu. Les avis rendus sont directement intégrés dans le dossier patient du CHU, accessibles à toutes les spécialités, y compris aux urgences. Cela représente un gain de temps considérable, tout en garantissant la traçabilité des informations.
C’est aussi plus simple pour la coordination avec les secrétaires, qui sont incluses dans l’échange. Plus besoin de mails supplémentaires : tout est centralisé et suivi.
Quel impact de la téléexpertise sur le lien ville-hôpital ?
Dr Joanne DORNBERGER. Pour les médecins de ville, en particulier ceux qui exercent seuls, la téléexpertise est un vrai soulagement. Elle permet d’obtenir rapidement un avis spécialisé et de ne pas se sentir isolé.
J’en profite souvent pour envoyer une fiche récapitulative sur la pathologie concernée. Cela favorise un apprentissage continu : les médecins de ville gagnent en autonomie et n’auront plus forcément besoin de nous solliciter pour les mêmes questions à l’avenir. C’est une forme de formation continue, qui enrichit tout le monde.
Le mot de la fin ?
Dr Joanne DORNBERGER. Au départ, il existe toujours des réticences : la crainte que ce soit chronophage, que les données ne soient pas sécurisées… Mais en pratique, la téléexpertise apporte un réel gain de temps et une traçabilité indispensable.
Comme pour les autres outils numériques aujourd’hui incontournables — logiciels de rendez-vous ou dossiers patients informatisés —, son adoption s’est faite naturellement et elle est désormais pleinement intégrée dans nos pratiques.